Fort Cigogne, Penfret, Bananec et même La Tête de Mort… Ces noms semblent sortis d’un roman d’aventure mais c’est bien d’un petit archipel perdu au large de Concarneau qu’il s’agit. C’est dans ce décor de sable fin, d’eaux turquoises et d’îles parfois désertes qu’a débuté la grande histoire de la première école de voile en France, il y a tout juste 70 ans. 1947, la date ne doit rien au hasard car Les Glénans sont le fruit de l’après-guerre. Philippe Viannay, lui-même grand résistant, crée la structure pour permettre à d’anciens compagnons de réapprendre à vivre ensemble après des années de clandestinité ou de détention. Au début, l’apprentissage de la voile n’est pas à l’ordre du jour mais ceux qui séjournent sur ce coin de paradis ne résistent pas longtemps aux joies de la navigation.
Alors que Philippe Viannay se lance dans d’autres projets et fonde le CFJ*, puis le Nouvel Observateur, sa femme Hélène, méthodique, consciencieuse, structure l’ensemble. Elle permet aux Glénans de s’installer dans le temps en gardant intact cet esprit égalitaire et humaniste des premières heures. Accompagnant l’essor de la plaisance des années 70 et 80, Les Glénans se développent au-delà de l’archipel et ouvrent des bases sur le continent (Paimpol, Arz, Marseillan) et même jusqu’à Bonifacio pour permettre aux stagiaires de découvrir les fabuleuses îles Lavezzi. Quelques soient les sites, et même jusqu’aux Antilles ou plus loin, le souci de l’environnement reste central. L’écologie n’a rien d’une idéologie mais répond plutôt à une exigence naturelle pour pouvoir vivre dans un paysage d’exception. L’entretien des sites et une certaine frugalité deviennent des marques de fabrique de l’école qui fait figure d’exemple à bien des égards.
Les Glénans sont donc bien plus qu’une école de voile mais ils sont aussi une école de voile, et peut-être même la meilleure. Certains grands noms y ont fait leurs armes à l’image d’un Vincent Riou ou d’un Franck Cammas, mais surtout, une foule d’anonyme y a été contaminé par le virus de la mer grâce à une pédagogie unique et du matériel récent. Les moniteurs, souvent bénévoles, transmettent leur art en enseignant sur le support et non sur un bateau à moteur. Cette approche silencieuse est une manière d’expliquer tout en prenant du plaisir en mer. Pour prolonger l’expérience, l’école publie un guide mondialement connu, le Cours des Glénans. La dernière édition a été vendue à plus de 45 000 exemplaires et la nouvelle est déjà en chantier. Elle sera dans toutes les bonnes librairies au mois de décembre.
* Centre de Formation des Journalistes